Extrait du Bulletin Municipal de 2006
Il arrive fréquemment que des habitants de notre commune, nouveaux arrivants en particulier, ainsi que nos écoles, nous demandent les origines de notre « logo » d’azur et d’or ornant nos documents officiels et les façades de nos édifices publics les jours de fête …
Nous avons jugé utile et intéressant de republier l’article consacré à nos armoiries, paru pour la première fois dans ce même bulletin en 1979, époque à laquelle nous avions, en « pionniers », décidé de doter la commune d’armoiries.
Cette idée nous permet également d’évoquer le nom de cette illustre famille dont nous retrouvons la trace sur un document émis à Turin en 1306 !… Il y a 700 ans, un bien sympathique anniversaire !
« Le décret impérial du 17 mai 1809 et l’ordonnance du 26 septembre 1814 accordaient aux villes et corporations la faculté d’obtenir des armoiries.
Mais, actuellement, la concession d’armoiries est contraire à notre droit public et social, d’ailleurs, le Garde des Sceaux, n’accepte plus aucune demande en ce sens.
Par contre, il nous a été loisible de prendre, à titre strictement privé et sous réserve des tiers, tout signe distinctif nous concernant et, notamment des armoiries, pour autant que celles-ci n’appartiennent pas à une famille existante encore de nos jours.
Notre choix s’est donc porté sur les armoiries de la famille d’Etienne de Gex, dite de Versonnex, dont nous retrouvons la trace dès 1306.
En ce temps-là, le Pays de Gex était possession d’Aimé 1er, Seigneur de Gex. Son amitié avec les Comtes du Genevois lui valu de sérieux ennuis avec les Comtes de Savoie dont les armées sillonnaient le pays en le ravageant. Leur point d’appui était le Château de Marnals qu’ils avaient fait reconstruire. La position géographique de cette forteresse, située à mi-chemin entre le Fort de l’Ecluse et Gex, était idéale pour lancer des « rezzous » sur la contrée.
Cette famille de Versonnex, au cours des générations, donna à l’histoire quelques personnalités marquantes, parmi celles-ci retenons :
François de Versonnex, riche apothicaire et marchand, fut syndic de Genève en 1417 et mourut après 1462. En 1429, il fonda à Genève une école publique où l’on enseignait la lecture, l’écriture, l’orthographe, la logique et les autres arts libéraux. Cette école subsista jusqu’à la fondation du collège de Genève en 1559, fondation obtenue par Jean Calvin auprès du Gouvernement Genevois. Il créa également un hôpital pour les pauvres près de la Madeleine. Le bâtiment existe d’ailleurs toujours.
Pour situer le cadre de vie de François de Versonnex, il convient de préciser que, à cette époque, les territoires de la Seigneurie de Gex étaient devenus possession du duc Amédée VIII de Savoie – la Savoie étant alors un état indépendant.
Disons en passant, que cet homme fut un éminent homme d’Etat et un législateur. En 1430, il publia ses « statuts ». Ces ouvrages formaient un code civil, criminel et administratif remarquable. Amédée VIII, premier Duc de Savoie et troisième Baron de Gex fut élu Pape sous le nom de Félix V en 1439.
Dans le cadre général de l’histoire du Pays de Gex, rappelons-nous que la région ne resta pas toujours savoyarde. Ce territoire, au cours des conflits plus ou moins sanglants, se vit occupé et dévasté par les Bernois, puis de nouveau par les Savoyards à qui les genevois reprirent la contrée. Ils la conservèrent jusqu’en janvier 1601, date à laquelle ils la cédèrent à Henri IV, roi de France. Le Pays de Gex est donc devenu français dès cette époque. Il faillit d’ailleurs retourner aux genevois en 1814 lors de l’effondrement de l’Empire de Napoléon 1er…. mais cela est une autre histoire.
Bref, revenons à notre famille de Versonnex où nous retrouvons Aimon, fils de François. Il fut aussi syndic de Genève en 1465 à qui il prêta son argenterie pour éviter à la cité de sérieux ennuis. En effet, à cette époque, l’Evêque Jean Louis de Savoie (la Maison de Savoie occupant l’évêché de Genève) plaça la ville dans le camp du Duc de Bourgogne, Charles le Téméraire. Cette situation ne plut guère aux Suisses soutenus par le roi de France Louis XI, ennemi mortel du duc. Ceux-ci envahirent le genevois en 1476 et, c’est pour éviter qu’ils ne donnent l’assaut à la ville, qu’Aimon intervint en payant la rançon.
Quant à Marin de Versonnex, petit-fils d’Aimon, il eût si l’on peut dire moins de chance que ses prédécesseurs. En effet, il fut un partisan de Pierre de la Baune, dernier prince-évêque de Genève. Nous sommes alors en plein conflit politico-religieux provoqué par les progrès de la Réforme. L’évêque ne fut pas à la hauteur des évènements à Genève. Il abandonna la ville où, trois ans plus tard, la Réforme fut consacrée. Entre-temps, ses amis furent arrêtés, condamnés, et leurs biens confisqués. Ce fut le cas de Marin.
Les temps passèrent et la famille de Versonnex fut encore représentée à Bessinge, près de Genève, jusqu’au milieu du XVI ème siècle. »
D. Noirot